L’industrialisation qui viennent tuer l’artisanat

Chaque révolution industrielle s’accompagne d’importantes mutations sur le plan économique et social. Si l’industrialisation a permis à de nombreux pays européens de développer rapidement leur économie, elle a entraîné de nombreux bouleversements dans le monde du travail. Certes, elle a contribué à la création de nombreux emplois, cependant elle a également mis certains métiers en difficulté.

La révolution industrielle

La révolution industrielle a débuté en Grande-Bretagne en 1770 avec l’apparition de machines à vapeur fonctionnant à la houille, une alternative au charbon de bois. Vers le premier quart du XIXe siècle, elle s’est propagée dans d’autres pays d’Europe de l’Ouest parmi lesquels on peut citer la France.

La révolution industrielle a participé à l’essor du capitalisme, ainsi qu’à celui de l’économie des pays occidentaux. Toutefois, malgré la croissance rapide enregistrée en France, en Belgique, en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou au Canada, la progression du niveau de vie des travailleurs a été plus ou moins lente.

Bien que l’industrialisation ait entraîné l’apparition de nombreuses manufactures et ait facilité la recherche de travail, les salaires des ouvriers œuvrant dans ces types de structures sont souvent bas.

Par ailleurs, en raison de l’apparition de machines et de l’automatisation des tâches, les agriculteurs ont été contraints de quitter les campagnes pour trouver du travail en ville, notamment dans des usines. Tout comme les agriculteurs, les artisans ont subi l’impact de la révolution industrielle.

À noter que l’industrialisation et l’apparition de machines telles que des batteuses ont permis d’accélérer le développement de l’agriculture dans des pays d’Europe comme la France. Malgré qu’elle ait engendré la disparition de nombreux emplois, la révolution a donc permis d’augmenter la production agricole et de mettre fin aux disettes.

La révolution dans le secteur de l’agriculture a commencé vers le milieu du XVIIIe siècle. Les tâches agricoles se sont de plus en plus automatisées avec l’apparition de la moissonneuse mécanique en 1824, de la moissonneuse-batteuse en 1834 et de la charrue en 1837.

L’industrialisation, une menace pour l’artisanat

Si la révolution industrielle et l’industrialisation ont permis de développer l’agriculture et l’économie des pays d’Europe comme la France, elles ont participé au déclin de l’artisanat et à la disparition de nombreux métiers.

La présence de nombreuses industries, de machines et l’automatisation des tâches ont entraîné la production de masse de produits, jadis conçus par les artisans. Face à cette concurrence extrêmement rude, ces derniers peinent à se constituer une clientèle et à rentabiliser leur activité.

Contrairement aux industries, les artisans ont une capacité de production relativement faible et bien que les produits issus de leur atelier soient « uniques », ils éprouvent d’importantes difficultés à séduire les consommateurs en raison de leur prix. En effet, les tarifs proposés par les acteurs du secteur de l’artisanat sont généralement plus élevés que ceux des industriels, en raison de la durée de travail et des nombreuses tâches manuelles complexes nécessaires à la réalisation de chaque produit.

Parmi les artisans les plus menacés par l’industrialisation et l’automatisation des tâches, on peut citer les forgerons. Depuis la révolution industrielle du XVIIIe et du XIXe siècle, ces derniers ont été remplacés progressivement par des usines équipées de machines permettant d’automatiser entre autres la création d’ouvrages métalliques.

Il important de noter que les artisans ne sont pas tous menacés par la révolution industrielle du XIXe siècle et les importants progrès technologiques réalisés depuis le début du XXe siècle. Les plombiers, les électriciens et les serruriers ont réussi à résister à l’industrialisation, dans la mesure où une grande partie de leur travail ne peut être automatisé.

À l’instar des serruriers, des plombiers et des électriciens, les carreleurs, les maçons, les chauffagistes, les couvreurs et les charpentiers ont évité les impacts négatifs de la révolution industrielle.

Dans le cas d’un maçon, les machines telles que les bétonnières ont tout simplement contribué à l’accélération du travail nécessaire à la réalisation du gros œuvre d’une construction. Malgré les avancées technologiques dans le secteur du bâtiment, aucune machine n’est parvenue à remplacer l’intervention humaine dans la mise en place d’éléments porteurs, de fondations, de murs, de cloisons ou de planchers.

L’avenir des forgerons

Si les artisans intervenant dans le secteur bâtiment ont réussi à échapper aux menaces de la révolution industrielle entamée au XIXe siècle, les forgerons font face à une forte concurrence livrée par les machines. Les articles qu’ils produisent grâce au travail du fer dans leur atelier éprouvent des difficultés à séduire les consommateurs, contrairement aux produits issus de la sidérurgie moderne.

Toutefois, il faut savoir que, malgré l’industrialisation, le métier de forgeron n’a pas complètement disparu. Dans les pays en voie de développement et encore peu industrialisés, les forges restent les solutions les mieux adaptées à la production de matériels et d’outils métalliques.

D’autre part, en France et dans de nombreux pays d’Europe, les forgerons résistent tant bien que mal à la menace croissante des machines. Ils interviennent dans des zones relativement restreintes et valorisent leur travail en créant des ouvrages uniques, qui se démarquent nettement des articles issus de la production de masse.

Ils réussissent également à acquérir des clients en mettant en lumière des processus de fabrication traditionnels et en créant des projets culturels.

À noter que l’industrialisation et l’automatisation des tâches ont boosté la croissance de nombreux pays d’Occident, mais elles ont aussi inondé le marché avec des produits dénués d’authenticité. À l’heure où les consommateurs souhaitent mettre leur singularité en exergue, la production de masse perd du terrain au profit de l’artisanat.

Tout comme les aliments bio, les produits artisanaux sont de plus en plus recherchés par les consommateurs. Dans le cas des pièces de déco, les éléments en fer forgé réalisés dans des ateliers de ferronniers ou de forgerons attirent un nombre grandissant d’acheteurs. Ces derniers préfèrent investir dans des objets uniques pour sublimer leur intérieur, plutôt que dans des produits issus de l’industrie tels que les papiers peints ou les stickers.

Des lois et des mesures en faveur des forgerons

Outre l’authenticité des articles fabriqués par les forgerons, des dispositions légales participent au maintien et à la croissance des ateliers de ceux-ci. En France, la loi du 18 juin 2014 a été élaborée pour soutenir le travail des commerçants et des artisans.

Cette mesure a été mise en place non pas pour protéger les artisans de la menace de l’industrialisation, mais pour les aider à se développer, à se moderniser et à participer davantage à la croissance de l’économie française. Il faut savoir qu’en France, l’artisanat et le commerce génèrent un chiffre d’affaires de plus de 2 000 milliards d’euros par an, soit environ 25% du PIB du pays.

Hormis l’Hexagone et les États de l’Union européenne, d’autres pays comme le Maroc mettent différentes mesures en œuvre pour protéger le travail des artisans et contribuer au bon développement de leurs activités.

Au Maroc, l’industrialisation représente une grande menace pour l’artisanat, notamment pour les forgerons. En 2018, la secrétaire d’État marocaine chargée de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire a annoncé l’élaboration d’une nouvelle stratégie ayant pour objectif de développer l’artisanat d’art, de production et de service sur l’ensemble du territoire du Royaume.

Que ce soit en France, dans un autre pays d’Europe ou dans un État comme le Maroc, il est donc possible de se lancer dans la création d’une forge. Néanmoins, il faut savoir que la menace de l’industrialisation est toujours présente. Pour garantir votre succès, vous devez donc vouer une véritable passion pour le métier de forgeron et vaincre la production de masse par le raffinement. Voici quelques infos pour devenir forgeron.